LES TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE

QUELS SONT LES AUTRES SYMPTÔMES DU COMPORTEMENT QU’ON PEUT LEURS ASSOCIER?

Le Trouble du comportement alimentaire est caractérisé par des perturbations graves dans la relation à l’Autre / la nourriture / l’alimentation et au poids. 

Cette maladie se répercute sur la santé physique et psychique du sujet atteint. Ainsi, elle développe une phobie à l’égard de sa prise de poids. Elle adoptera des comportements malsains en se malmenant avec des laxatifs, des diurétiques, de l’exercice physique à outrance, une restriction et ou une consommation excessive de la nourriture.

Les TCA sont en constantes augmentation. Ils touchent toutes personnes atteintes d’un mal être, d’une faible estime de soi, et qui ne supportent pas leur image corporelle, quel que soit leur milieu social ou genre. 

Les années précédentes, les femmes y étaient plus sujettes, alors qu’aujourd’hui cela touche aussi les hommes. 

Cette maladie se déclare à l’adolescence entre 14 et 17 ans avec un pic à 16 ans et à l’entrée de l’âge adulte.

Il existe un éventail très large des troubles de conduites alimentaires (TCA) : L’anorexie, la boulimie, l’hyperphagie, le Pica, le mérycisme, l’alimentation sélective et j’en passe…. 

Les Symptômes somatiques et autres symptômes des TCA les plus rencontrés 

L’anorexie ou « anorexia » venant du grec ancien signifie « manque ou absence d’appétit », « absence de désir ». C’est un comportement qui se caractérise par un refus de s’alimenter, avec une IMC(indice de masse corporelle) <17.5. Ainsi que la  disparition de toute trace de féminité et de masculinité.   

L’anorexique a une peur extrême de grossir, il s’expose : à une perte de poids très importante, un contrôle obsessionnel de l’image corporelle, un isolement/repli sur soi, un changement d’habitude alimentaire avec un rejet systématique de certains aliments, une hyperactivité physique, un comportement purgatif, le corps qui s’abime, une culpabilité, une dévalorisation… une aménorrhée (absence de règle) : Une angoisse de ressembler à sa mère, de subir une grossesse en portant un enfant dans son propre corps, de devenir à son tour maman (identification).

La restriction de l’apport alimentaire engendre des défaillances sur certains organes tels que le cœur, le foie. On peut constater une carence en fer, une arythmie cardiaque, de la fatigue et des troubles digestifs… allant malheureusement jusqu’au décès, ou d’autres se suicident, s’ils ne sont pas pris en charge à temps par des professionnels.

L’étymologie de la boulimie est tirée du terme grec « boulimia » qui signifie « faim de bœuf ». Elle se traduit sous forme de pulsions avec un besoin angoissant de manger avec des phases compulsif et non contrôlable de suralimentation (« craving« ). S’en suit des comportements de purges afin d’éliminer la nourriture : en se faisant vomir, et/ou en utilisant des laxatifs, en jeûnant pour rétablir le poids, par la pratique d’un sport intensive, l’isolement, le saute d’humeur, le repli sur soi, la distorsion de l’image corporelle, la dysménorrhée/aménorrhée, la culpabilité, la honte et la tristesse…

Sur la santé physique, les vomissements causent des dommages sur la dentition, la bouche, la gorge, des troubles du foie, digestifs, et de la déshydratation.

Cette maladie est très difficile à diagnostiquer puisqu’avec les purges le poids ne change pas vraiment.

“ Le plus difficile est de faire comprendre cette souffrance que l’on cache en soi. Immense. Sans fond. Qui ne laisse rien transparaître. Parce qu’on ne voit rien de l’extérieur. Aucun signe. Aucun indice. Aucune explication rationnelle. Du dehors, tout va bien. ”
Michaela Marzano 

L’hyperphagie se définit par «  Au-dessus, au-delà », il exprime l’excès. Elle est très apparentée à la boulimie puisque dans les deux cas, le sujet mange excessivement et en grosse quantité. La seule différence entre les deux, c’est que l’hyperphagique ne s’inflige pas de purge. Il avale pour tout garder en lui. C’est aussi se remplir de nourriture qui peut être rassurante, sécurisante, combler un manque, un vide en soi. 

Ce trouble peut accroitre des risques organiques tels que le diabète de type 2, des problèmes de poids, et d’hypertension artérielle.

 Comme le dit si bien Michel Cymes :

«  La nuance entre les deux l’hyperphagie et la boulimie est assez subtile. Dans un cas comme dans l’autre, on mange trop. Mais le boulimique, lui, s’emploie souvent à se débarrasser de ce qu’il a avalé. Il tente de compenser en faisant énormément de sport, en s’imposant des périodes de diète, en forçant un peu sur les laxatifs voire en se faisant vomir. Chez l’hyperphage, rien de tout cela : on mange, on stocke. » 

Malgré les différentes appellations, elles ont toutes un point commun : la relation à la nourriture. Elle peut avoir plusieurs objectifs tels que la punition, l’autodestruction, combler la solitude, avoir du réconfort.  

La boulimie et l’anorexie sont des addictions, elles sont sujettes à des compulsions à répétition, en ayant pour conséquences une dégradation corporelle et psychique. Elles se développent sur l’insécurité intérieure du sujet en combinant une mésestime de soi (se sous-estimer), une tristesse, un manque de confiance, perfectionnisme, une angoisse de séparation, un besoin extrême de protection… 

Ce mal-être sera projeté par le sujet sur le poids et l’alimentation. C’est la seule chose qu’il  pourra contrôler/maitriser. Il  jouira de «sa toute-puissance» comme quand il  était enfant. 

En agissant de la sorte, le sujet pense se libérer / détacher de l’emprise des parents, alors que la dégradation corporelle incite la surprotection des parents en l’occurrence la mère.

Nous constatons cette ambivalence d’être libre et dépendant à la fois.

« Ce dont j’ai besoin est ce qui me menace.»

« Plus elles ont besoin des autres, moins les anorexiques peuvent s’en nourrir. Moins elles s’en nourrissent, plus elles demeurent dépendantes.»

Philippe Jammet.

N’oublions pas aussi les médias qui divulguent une image sur la minceur du corps comme l’idéalisation. Cela projette une augmentation de la mésestime de soi chez des sujets déjà fragilisés qui ne supporte pas ce que leur propre corps renvoie dans le miroir.

L’environnement familial, le transgénérationnel joue un rôle important, comme les secrets de famille. 

Les traumatismes (deuil, violence, viol, inceste..) qui vont amplifier ce que l’enfant a déjà subi dans sa jeune vie. 

Tous ces éléments peuvent être déclencheurs  des symptômes des TCA, mais pas que, elle peut aussi être génétique. 

Le comportement alimentaire peut aussi dépendre d’un noyau cérébral se trouvant dans le cervelet. «Si le noyau est inactif, il provoque un appétit insatiable.» 

La construction identitaire du bébé commence bien avant la conception, puisque les parents en désirant leur enfant, vont projeter involontairement leurs attentes, craintes, peurs, déceptions… Ainsi cette base de développement de l’enfant commencera avec ces émotions/affects, tout dépendra du vécu et des histoires d’enfance de chacun, qui peut engendrer un terrain propice aux TCA.  

In utero, la fusion a déjà débuté puisque l’enfant est indissociable de sa maman, ils ne forment qu’une seule identité qui perdure même après sa naissance, comme le définit si bien Balint : « unité-duelle ».

L’insécurité intérieure débute lors de la naissance du bébé, à sa venue au monde où il quitte ce lieu (le ventre de sa mère) où il était au chaud, protégé, oxygéné, nourri,  passivement via le placenta. 

A sa venue « terrestre », la première rupture du lien opère. 

Le nouveau-né immature est confronté à son environnement pendant son premier stade durant sa première année qui touche uniquement  l’oralité. Il est dépendant d’une tierce personne car il a besoin d’amour, de nourriture, d’être caresser, rassurer… Cette tâche était donnée à l’époque uniquement à la mère, de nos jours cela a évolué le père aussi participe dans le développement du bébé. 

Si tout se passe dans le meilleur des mondes cela lui permettra de devenir un bébé sécurisé voir un adulte épanouie.

Cette sécurité intérieure peut-être défaillante, avec son tout premier lien, sa première relation qui est primordiale avec la mère, le rapport à celle-ci peut être fusionnel et/ou conflictuelle, en subissant des manquements tels que trop de présence/d’absence/de manque d’amour… 

Cette symbiose lui permet d’être Tout puissant dans le regard de sa mère, pour lui, ils ne font qu’un. Maman est introjectée en lui par l’intermédiaire de son sein. C’est son prolongement, il se nourrit / se construit à travers elle, la première ébauche de son Moi archaïque / Narcissisme primaire/ Le Moi Idéal. Ce Moi Idéal est traduit psychiquement par le ça (satisfactions de ses besoins instinctifs et pulsionnels = principe de plaisir).

Sans oublier que bébé peut être lui aussi le prolongement de cette mère qui la nourrit. Il est en quelque sorte son double narcissique. 

Elle le maintien en fusion  sans laisser place au père. 

Ce futur adulte restera dans une relation fusionnelle à sa mère.

Durant le stade oral de la vie de l’enfant (0-2ans), une nouveauté dans ses relations alimentaires et affectives,  la découverte de l’utilisation de sa zone érogène la bouche, et la succion (plaisir sexualisé).  Ce stade doit s’effectuer en douceur, sans difficultés, au rythme de bébé. Ne pas le forcer afin qu’il puisse prendre plaisir à se nourrir que ce soit émotionnellement ou physiquement. Car il va jouer sur sa première relation à l’Autre. 

Si les réponses attendues ne sont pas adaptées à ses attentes, la mère sera comparée au mauvais sein, en s’identifiant en tant que bébé mauvais. 

La fixation de cette faille va déséquilibrer sa relation avec la nourriture et son autonomie, ce qui engendrera malencontreusement une ouverture vers l’auto destruction causée par les pulsions de rage/colère en laissant le ça s’exprimer. 

Cette fixation ne pouvant être dépassée, déterminera ses régressions à l’adolescence, via les troubles alimentaires.

Alors que l’anorexique se prive de nourriture en refusant  le bon sein, sa mère. 

La mère du boulimique est comparée au mauvais sein, envahissante / encombrante / castratrice, il va la détruire, l’agresser, la tuer en la dévorant (introjection) psychologiquement telle que dans la phase sadique oral. Il la rejettera (projection) par la suite au moyen des vomissements/laxatifs…, ou la gardera en lui. Tout dépendra du cas de figure. 

La relation à l’autre n’aura plus aucun plaisir.

La libido/pulsion passe ensuite au stade de la zone érogène anal, deuxième étape de l’enfant où il souhaite maitriser/contrôler avec « Sa Toute Puissance » ses sphincters. Le choix du plaisir d’expulser ou de retenir ce boudin fécal selon sa volonté.                                                                                                                        Le langage apparait et il découvre l’utilisation du « Non », il a un semblant de pouvoir ! C’est une période où il va prendre plaisir à s’opposer à ses parents et s’amuser à les tester en les contrôlant. 

Il défie la figure parentale en refusant de leur obéir en entrant en conflit. Idem pour le sujet souffrant des TCA, il les contrôle en les manipulant indirectement en attirant leur attention surtout celui de la mère puisqu’il ne mange pas, ou mange en s’auto détruisant. 

Il y a une mise en place du mécanisme de défense : le clivage. 

Traduction littéral du  psychique: «Je ne suis pas d’accord avec toi, je me fais du mal, et je veux que tu fasses attention à moi.»

En parallèle à ce stade, nous avons la phase du miroir qui concerne les enfants de 6 à 18 mois où  l’enfant découvre son image corporelle, l’élaboration du « Moi, Je ». 

Au départ, il ne se voyait qu’à travers le regard de sa mère, elle lui donnait « une reconnaissance » émotionnelle et physique, réciproquement pour la mère dans le regard de son enfant. Chacun devient le miroir de l’Autre. 

Ensuite la réalité le rattrape en comprenant que sa mère et lui ne font plus qu’ «UN», qu’il n’est plus morcelé et il apprend à se dissocier de sa mère/l’Autre. C’est encore une rupture répétée qui peut être apparentée à un manque de la mère idéalisée. Et encore un détachement de vécu ! 

Pour le sujet atteint de TCA, voir son reflet dans le miroir c’est le confronter au principe de réalité. Il se rend compte du désinvestissement de l’objet/mère qui est inacceptable et très difficile à gérer ce qui le pousse à un contre investissement  pulsionnel à l’égard de son propre corps en le détruisant.

La fixation pendant la période Œdipienne, l’anorexique refuse son propre corps puisqu’il le malmène en ne lui donnant pas son dût de nourriture et le choix de sa sexualité risque de se faire partiellement ou pas du tout. Tandis que le boulimique se goinfre pour détruire sa mère en l’ingurgitant et la rejetant par la suite. 

Le passage du Moi Idéal Narcissisme primaire à l’Idéal du Moi (Narcissisme secondaire) sera lui aussi déficient.

Le père quant à lui joue de son autorité pour reprendre la place qui lui revient de droit et éviter tout inceste. Tout dépendra encore de la mère castratrice, envahissante, et/ou du père. Chacun devra reprendre sa place. 

Le manque affectif au stade oral, se compense par l’ébauche d’un Surmoi fort/rigide, voir masochiste, caractérisés par des symptômes d’automutilations, d’autodestructions.

Pour conclure, je me rends compte qu’il n’y a pas que des symptômes physiques. Il y a d’autres symptômes liés à la névrose tels que l’angoisse, la culpabilité, la dépression, la tristesse, la honte, les symptômes liés à la personnalité, l’évitement, l’auto dévalorisation…. Ils émanent du vécu des différents stades : l’oralité, l’analité, l’élaboration du « Moi », Moi Idéal, les identifications, le Surmoi, la relation à l’Autre/Mère, L’image, les différents mécanismes de défense, l’introjection, la projection, le stade du miroir, l’Œdipe, l’Idéal du Moi, le narcissisme primaire/secondaire… et ce qui en découlent. Toutes ces étapes sont  obligatoires pour le développement de bébé pour qu’il puisse apprendre à gérer ses frustrations. 

Si celle du départ est défaillante, les autres étapes ne seront pas surmonter comme il le faudrait par le sujet toujours en relation avec son premier objet. 

Des fixations se formeront, en se caractérisant par des régressions tout au long de sa vie, avec ces fameux autres symptômes.

La nourriture affective est aussi importante que l’acte de manger pour le développement psychosexuel de l’enfant. Il compense ce manque d’affect par l’étayage de l’alimentation. 

Quand je ressens toute cette souffrance qu’un enfant doit supporter, je me demande où vont-ils chercher cette force pour Vivre ? 

Ça reste un autre sujet à découvrir entre Eros et Thanatos, (pulsion de vie et pulsion de mort)!  

Je finirai par ce petit poème, qui résume bien la souffrance, l’angoisse, la névrose, d’une personne sujette au TCA. Son tiraillement entre le désir de vivre et la pathologie.

« A toi qui dirige ma vie
Depuis trop de temps
Anorexie ou boulimie,
Deux maladies pas si différentes

Une souffrance intérieure,
Une angoisse, une peur
Un combat de tous les jours
Qui me mène à bout

Toujours prévoir, tout calculer
Pour obtenir un semblant de sérénité
Je veux tout maitriser, me prendre en main
Mais en réalité, rien ne se tient

Mais que puis-je faire
Pour les voir disparaître
Et enfin entrevoir une vie nouvelle
Remplie de soleil

On me dit que j’ai les moyens
Mon destin est entre mes mains
Mais comment pouvoir réussir
Mes armes m’ont déjà toutes servi

Je veux réellement m’en sortir
Seule l’avenir pourra me le dire
Des lourdes décisions ont été prises
Espérons qu’elles portent leurs fruits

Une lueur d’espoir se pointe à l’horizon
Une fraction de chemin il me reste à parcourir
Pour enfin aboutir
A ce qui ferait mon bonheur: ma guérison »

Auteur : Titetiti49

Sources : Cairn-Livre Anorexie-Boulimie Vincent Dodin- On mange quoi ce soir-Passeport santé-ampq.org

15 commentaires

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